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Interview: Nadine Mouquet



Il y a quelques temps, je suis tombé sur un article de Nadine Mouquet que celle-ci avait posté sur Linkedin. Il entrait en résonance avec un article que je désirais écrire sur mon site internet alors en construction à propos de la raison et de l’objectivité. J’ai donc pris contact avec madame Mouquet et grâce à sa grande aide, nous avons pu nous rencontrer à Bruxelles. Nous avons alors parlé et je me suis aperçu qu’une grande partie de ce qu’elle disait était intéressant mais difficilement incorporable avec la structure mon article. J’aimerais donc vous livrer quelques messages que j’ai reçus lors de cet entretien.


Qui est Nadine Mouquet?

Nadine Mouquet est française, mais elle a beaucoup voyagé dans sa recherche de travail. Au départ de Cherbourg, elle va travailler à Maastricht puis dans la région liégeoise dans des calls-centers. Son parcours est jalonné d’expériences, travailleuse de call-centers, manageuse, créatrice de sites en e-commerce, extrêmement variées. Ce parcour lui a permi de gagner en indépendance et en travail intellectuel au long de ses carrières.


La ligne continue de son expérience est sans doute basée sur l’idée de contact humain, de relation, d’aide. D’ailleurs, madame Mouquet confesse volontier son empathie énorme qu’elle a développée et qu’elle continue à développer aujourd’hui dans ses travaux plus récents. Pour elle, l’humain est au centre de ses préoccupations et, quand il ne l’est pas, devrait le devenir.


Son parcours est également jalonné de problèmes d’expériences, de diplômes, d’attachement linguistique, bref, de facteurs empêchant de retrouver un emploi. Et pourtant, elle a acquis le long de sa vie des compétences certaines. Preuve en est qu’elle maîtrise aujourd’hui son travail en indépendante dans le e-commerce.

Le monde du travail est-il réducteur?

Le monde est réducteur, d’ailleurs, il va le devenir encore plus. Cela se constate avec le mécanisme des “Slashers”: des jeunes qui sautent de métiers en métiers. Ce sont des gens qui se cherchent, qui se forment, qui acquièrent des compétences mais qui ne pourront pas être reconnues par le système. Ils seront multi-compétences, très efficaces, mais incapables de trouver un métier dans une société sclérosée dans l’objectivité.


La solution pour ces gens peut-être de vivoter sans jamais trop développer leur carrière ou bien alors sortir du système. C’est néanmoins une grande perte dans une société qui demande mobilité et souplesse. Le système pourrait tourner de manière différente. L'expérience de manager le montre. Madame Mouquet a essayé de changer le système pour sortir de l’objectivité et plutôt mettre les gens en face du métier. C’est une nécessité pour contourner le grand turnover et les erreurs de formation qui coûtent énormément sans rendement (un tier des formés ne travaillant pas plus d’une semaine). Cela permettrait de reconnaître les gens qui ont des compétences. Cela pourrait se faire avec le travail d’apprentissage en partie payé par l’Onem et serait une sélection plus juste et efficace.


Il faut noter qu'avec le poids des diplômes, pas mal de jeunes se lancent dans des métiers qu’ils ne veulent pas exercer et cessent ensuite de manière brutale (burn-out). Des solutions existaient déjà avant entre autres avec les agences d'intérim. Mais les choses ont changé. Avant, les agences permettaient de rencontrer les gens et de prendre le plus compétent pour le travail précis. Aujourd’hui, elles utilisent des chiffres, ce qui retire une bonne partie de leur intérêt.


Ce qui fait tourner l’entreprise c’est l’humain, alors recentrons-nous sur l’humain.

Le système actuel tient bon parce que certaines personnes importantes le tiennent pour se protéger, mais les choses vont changer et cela risque de se passer par de la force pour changer le système. Peut-être pas celles des barricades mais celles qui renient l’autorité d’une série d’acteurs.


Y-a-t-il d’autres modes de décisions?

Il y a l’empathie, c’est un excellent moyen de prise de décision: le fameux management recentré sur l’humain. Excellent, pourquoi? Parce que nous sommes des individus, avec donc des éléments qui nous sont propres comme notre passé, notre sensibilité, notre expérience... Les jumeaux, en partie identiques, n’auront pas un avenir identique, c’est l’intérêt de l’individu.

Il faut sortir des chiffres et de l’objectivité pour retourner à de l’humain et de la sensibilité. Aujourd’hui l’objectivité ce sont les chiffres. Et c’est un problème. Aujourd’hui, nous ne sommes pas sur la qualité mais sur la quantité, sur le fait de garder des clients mais sur le fait d’en acquérir des nouveaux. Cela représente un surcoût énorme.


La raison, qu’est ce que c’est? La raison, c’est la progression. Il faut avancer de manière raisonnable et pas n’importe comment. Il faut prendre les gens de façon individuelle pour les conscientiser sur ce qu’ils font. Il faut retrouver le sens profond de nos actions: quel est le but de ce que nous faisons? C’est comme cela que nous pourrons développer notre conscience collective. Enfin, la justice, ce n’est pas appliquer des conséquences en fonction des faits de manière mécanique, c’est prendre en compte l’ensemble de conséquences pour les individus des faits. Aujourd’hui, la justice nous laisse nous reconstruire sans accompagnement. Pourquoi? Parce que les gens ne rentrent pas dans les bonnes cases et qu’il y a beaucoup de choses qui ne sont pas mises en place pour considérer la complexité humaine des choses. Il faudrait pouvoir plus moduler les conséquences en fonction des personnes. La justice, c’est la prise en compte de l’humain.

Il y aura toujours des débordements, mais la mission de la société est de protéger les citoyens. Or, il y a des excès dans tous les sens et on ne sait bouger les choses que selon des circonstances particulières et selon la qualité des avocats. C’est bien moins juste que ce qu’il serait possible de faire.

Prenons un seul exemple: celui des tribus du Gabon. Ce n’est qu’une facette des choses mais elle est intéressante: la justice est rendue au pied d’un arbre avec le roi qui donne sa justice en prenant l’avis du village qui l’entoure. Il tranche et module la fougue de la population mais l’écoute tout de même pour comprendre les particularités du ressenti des hommes et femmes de la communauté. En Belgique, ce rôle de consultation de la population est détenu par les procureurs. Ceux-ci rendaient des avis lors de tous les procès, civils comme pénaux pour que le juge puisse trancher avec plus de moyens. Mais, aujourd’hui, à part dans le pénal, le rôle du ministère public est en déclin et le juge applique la loi sans avoir cette rapport à la population. Vous appelez cela raison?


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